Seipel, un cinéaste primé, a reçu ces paiements en plusieurs fois, prétendument pour soutenir son travail sur deux livres qui dépeignent l'ascension de Poutine au pouvoir. Ces représentations ont été décrites comme étant sympathiques au président russe. Cette situation est notable car elle relie un journaliste occidental à des paiements substantiels potentiellement destinés à sécuriser une couverture médiatique favorable pour des acteurs pro-Poutine.

La divulgation de ces paiements est particulièrement significative en Allemagne, où il y a eu un débat intense sur le rôle des élites politiques et commerciales dans le soutien à Poutine, spécialement depuis l'invasion de l'Ukraine. Ce débat est alimenté par la dépendance de l'Allemagne au pétrole et au gaz russs.

Seipel, qui a rencontré Poutine près de 100 fois, a admis avoir reçu des fonds de comptes liés à Mordashov mais a souligné que le soutien était exclusivement pour ses projets de livre et a maintenu qu'il était resté impartial. Cependant, les documents divulgués indiquent que les paiements étaient spécifiquement pour son travail sur deux livres : "Poutine : Des vues intérieures du pouvoir" (2015) et "Le pouvoir de Poutine : Pourquoi l'Europe a besoin de la Russie" (2021).

L'éditeur de Seipel, Hoffmann und Campe, a affirmé n'avoir eu aucune connaissance préalable de ces paiements et s'est réservé le droit de prendre d'autres mesures. Les informations sur ces transactions ont émergé du projet Cyprus Confidential, une fuite de 3,6 millions de registres offshore au Consortium International des Journalistes d'Investigation et d'autres partenaires médiatiques.

Mordashov, une figure importante de l'élite commerciale russe, a été sanctionné par l'UE pour ses liens étroits avec le Kremlin. Il était présent à une réunion de chefs d'entreprise au Kremlin le jour de l'invasion de l'Ukraine. Les paiements à Seipel ont été effectués à travers des structures offshore complexes et comprenaient un "Acte de Sponsorisation" pour un projet de livre.

Seipel s'est défendu contre les accusations de partialité, affirmant que son travail a toujours été impartial et qu'aucune erreur factuelle n'avait été trouvée dans ses livres. Cependant, son accès privilégié à Poutine et l'accueil positif de ses oeuvres en Russie ont conduit à des critiques et des accusations de biais pro-russe. Le diffuseur allemand NDR a bloqué l'accès aux films de Seipel dans l'attente d'une enquête supplémentaire et a souligné l'importance de divulguer d'éventuels conflits d'intérêts.